Les Noirs ont été les premiers pigments préparés par l’Homme : à partir de bois carbonisé (noir de charbon) puis par combustion (noir de fumée).
Mélangé à un liant aqueux, les Noirs de carbone et de fumée ont servi à fabriquer les premières encres d’écriture.
La couleur Noire étant la plus consommée par l’homme pour l’écriture (encre de Chine), l’imprimerie, les photocopieuses, les imprimantes, la peinture, c’est probablement aussi la couleur pour laquelle il existe le plus grand nombre de procédés de production.
Le sujet est vaste mais voici quelques éléments de réponse.
On dit d’un objet qu’il est coloré quand il s’éloigne de la grisaille et donc du Noir. Pour autant, est « coloré » tout ce qui n’est pas blanc ou transparent…
Du point de vue du teinturier, l’absence de couleur c’est l’écru, le matériau brut. Le noir par conséquent est une couleur et même une couleur difficile à obtenir.
Du point de vue du scientifique, c’est la lumière qui véhicule la couleur jusqu’à notre œil. Le noir ne réfléchissant aucune lumière, il correspond donc à l’absence de couleur.
En 1913, un auteur résume ce qu’ont écrit des dizaines d’autres depuis le début du XVIII siècle, « Physiquement et physiologiquement, le noir n’est pas une couleur mais comme pour le produire, il faut de la matière, il est considéré comme couleur dans le langage d’atelier ».
Du point de vue de l’artiste peintre, il faudrait distinguer la couleur noire telle que vue par le spectateur, et la peinture noire que vend le marchand de couleurs.
En effet les résultats obtenus en peignant les ombres avec de la peinture noire sont particulièrement mauvais, c’est bien à cause de cela que Léonard de Vinci avait dit « le noir n’est pas une couleur ».
De fait on peut peindre en se dispensant entièrement de noir, même pour obtenir des fonds obscurs où l’on ne distingue aucune dominante colorée, ce que l’on appelle un « beau noir » c’est-à-dire qui réalise avec perfection l’absence de couleur.
Françoise Gilot attribuait à Renoir la proscription du noir de la palette des Impressionnistes, celui-ci renvoyait cette idée à Pissaro et répondit à Vollard « Le noir, une non-couleur ? Où avez-vous encore pris cela ? Le noir, mais c’est la reine des couleurs! ».
Matisse, lui aussi, déclarait fermement « le noir est une couleur ».
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